La communication alternative et augmentée ou améliorée est l’ensemble des moyens qui permettent de compenser une déficience de la parole.
La déficience de la parole qu’elle soit acquise (après un traumatisme cranien, un Accident Vasculaire Cérébral AVC, un cancer, une maladie dégénérative) ou consécutive à une paralysie cérébrale, un trouble neuro développemental (dysphasie, autisme), ou une maladie génétique est toujours très handicapante car elle impacte une activité de base de l’être humain : la communication.
La communication est l’activité qui nous permet de faire connaître non seulement nos besoins primaires mais aussi nos centres d’intérêt, notre personnalité. La communication permet les apprentissages et la relation de qualité avec notre entourage. Quand elle est entravée l’autonomie d’une personne s’en trouve très fortement diminuée, les troubles du comportement apparaissent bien souvent, il est impossible d’évaluer les fonctions cognitives, la frustration est forte que se soit pour la personne ou pour son entourage.
C’est pourquoi il me semble toujours primordial d’essayer de réduire le handicap de communication. Pour cela nous disposons de nos jours de beaucoup de moyens techniques, de plus en plus abordables. Ce sont des outils qu’il faut essayer et mettre à disposition le plus tôt possible ! Pour les enfants ayant un retard de langage ou à risque de retard de langage, l’utilisation de moyens de communication alternatifs et augmentés stimule souvent l’émergence de la parole. En attendant ils favorisent leur compréhension et leur donnent des moyens d’expression.
Parmi les outils, nous pouvons distinguer les systèmes alphabétiques pour les personnes qui savent écrire et les systèmes par l’image, les pictogrammes.
Il y a aussi les signes, ceux inventés et propres à la personne, ceux formels que tous utilisent (le oui et le non de la tête par exemple, pointer du doigt) ceux spécifiques au handicap comme le Coghamo, ceux de la vraie Langue des Signes (française, allemande, américaine…), le français souligné qui utilise les signes de la langue des signes mais la grammaire de la langue parlée, le baby sign…
Nous pouvons distinguer les systèmes basse technologie : cahiers de pictogrammes, papiers crayons, étiquettes mots ou pictographiques à échanger, tableau de pictogrammes ou de lettres sur toutes sortes de supports qui seront pointés par la personne ou proposés par son interlocuteur.
Et les systèmes « hi tech » qui passent par le biais d’un système informatique. Avec des logiciels plus ou moins complexes. Et des moyens d’accès dépendant des capacités motrices de la personne. Ces systèmes permettent de donner une voix aux utilisateurs. L’essor des écrans tactiles, le développement des commandes oculaires, la démocratisation des ordinateurs personnels permettent de s’adapter à quasiment toutes les situations.
Je recommande de toujours choisir un système de communication robuste. Celui qui permettra à la personne de choisir elle même le vocabulaire qu’elle veut utiliser, celui qui organise ce vocabulaire de manière pragmatique par sujet, en proposant les petits mots fréquents de notre langue, dont la navigation sera facile à apprendre car régulière.
Et puis pour favoriser l’apprentissage et l’appropriation, l’entourage devra utiliser ce système en plus de la parole pour s’adresser à la personne elle même afin de lui parler « la langue » qu’elle pourra s’approprier.
Il est fréquent voir habituel, qu’une personne ayant un handicap de communication utilise déjà des moyens propres pour s’exprimer même si ce n’est pas un pré requis à la proposition d’un outil de CAA. Mais toutes les personnes ont besoin de différents moyens de compensation selon les situations pour pouvoir s’exprimer avec différents interlocuteurs de la manière la plus indépendante possible. Ainsi chacun devrait avoir à sa disposition plusieurs outils de communication alternative et augmentée.
En tant qu’ergothérapeute l’intervention commence par le recensement des moyens de communication que la personne utilise déjà, de ses différents interlocuteurs, de ses centres d’intérêt, des situations dans lesquelles la communication est aisée et celles dans laquelle elle est difficile voir impossible.
Ensuite l’ergothérapeute propose à la personne et son entourage différents systèmes de communication possible. Ils cherchent ensemble les moyens les plus appropriés à chaque personne et dans chaque situation. Des essais doivent être réalisés et la période d’apprentissage commence. De mon côté je me suis formée et je continue à me former à différents outils : le système Makaton, le système Minspeak, les logiciels Snap Core First, The Grid, et Mind Express. J’attends avec impatience de participer à une formation au système PODD. J’ai utilisé tous ces outils et d’autres encore auprès de personnes à besoins complexes, enfants comme adultes.
Si la personne est accompagnée par une orthophoniste celle-ci s’implique à toutes les phases : évaluation, choix, apprentissage, accompagnement à long terme. L’entourage (la famille, les soignants) est souvent impliqué dans la réalisation ou au moins la personnalisation des outils. Il n’est pas rare que les familles éprouvent le besoin de se former elles mêmes.
L’appropriation et le perfectionnement des outils de CAA durent toute la vie de l’utilisateur. En effet celui ci développe des compétences au fur et à mesure de l’utilisation des outils de CAA et puis les centres d’intérêt, les occupations, les lieux de vie changent. Il est donc nécessaire de se laisser le temps de s’approprier les outils et de les réévaluer, les améliorer voir de les changer quand la nécessité s’en fait sentir.
Pour en savoir plus, être accompagné en tant que famille ou utilisateur dans votre chemin vers la Communication Alternative et Augmentée lisez la page « Ressources en CAA ». Et puis n’hésitez pas à me contacter pour de plus amples renseignements, une évaluation, des essais, une première approche ou un approfondissement 🙂